VILLARD

Le serment que le curé MONTAZEAU a écrit

Sur le registre paroissial à la fin de l'année 1790

Transcription texte du serment


Léonard Montazeau: un curé de Villard pendant la Révolution


Extrait du " Dictionnaire topographique, archéologique et historique de la Creuse », Abbé André Lecler; p502

MONTAZEAU (Léonard), fils de Léonard François Montazeau de Cinturat et de Jeanne Gourdonneau, de la paroisse de Cieux, est né le 17 août 1760. Il fit ses études au collège de Limoges, et deux ans de théologie dans celui des Jacobins de la même ville. Il entra au séminaire des Ordinands en octobre 1784.
« Par acte fait au bourg de Cieux, le 24 septembre 1785, par devant Michel Lavergne, notaire royal du Limousin, du Poitou et de la Marche, et apostolique du diocèse de Limoges, furent présents messire François Léonard Montazeau, sieur de Seinturat, bourgeois, et sous son autorité Dlle Jeanne Gourdonnaud, son épouse, demeurant au bourg de Cieux, lesquels pour seconder la vocation de M. Léonard Montazeau leur fils, à l'état ecclésiastique, créent une pension de 100 livres, a payer du jour où il aura reçu le sous-diaconat. Ont été témoins : Mre Pierre Faure-Dumont, curé de la paroisse; Mre Jacques-Pierre Boussy de Fromental, juge de Cieux, contrôleur des actes; François Montazeau, sieur de Lavaud, procureur de la justice de Cieux. »
En possession de ce titre clérical, Léonard Montazeau fut ordonné sous-diacre le 17 décembre 1785 et prêtre le 10 juin 1786. Il fut vicaire pendant quelque temps, puis, le 29 septembre 1789, l'évêque de Limoges, sur la présentation de M. Benoît de Lostende, chanoine aquilaire du chapitre de Saint-Martial, le nomma la cure de Villard, vacante par le décès de M. Louis Tixier.
Au commencement de la révolution, il refusa le serment de la constitution civile du clergé, ce qui le fit expulser de son presbytère, et remplacé par un constitutionnel. Mais il ne quitta pas la paroisse et continua à veiller sur ses paroissiens. Aussi, le 8 avril 1792 voyons-nous le maire de Villard adresser une pétition à l'Assemblée législative contre « Léonard Montazeau, ci-devant curé de cette paroisse, remplacé à défaut de serment, qui prêche dans presque tous les villages de ladite paroisse et dans plusieurs autres paroisses ». Après que cette pétition eut été renvoyée par le comité de surveillance de l'assemblée nationale au directoire de département, il fut traduit devant le tribunal de la Creuse, et condamné par contumace, le 15 janvier 1793, à huit années de détention, comme coupable d'avoir prêché contre la constitution (1).
Quand il avait été obligé de quitter Villard et ses environs, il était venu à Cieux, dans sa famille ; mais ce ne fut pas pour longtemps. La loi du 26 août 1792 le condamnait à sortir de France sous 15 jours. Le 9 septembre 1792, il obtint un passeport de la municipalité de Cieux, et déclara qu'il se retirait en Espagne (2). Son nom se trouve dans une liste de prêtres déportés de la Creuse. Malgré cela, il apparaît pas certain qu'il faut aller en Espagne. Ou, est-il rentré après la terreur. C'est ce que je ne puis établir d'une manière positive.


Voici les lettres aux administrateurs du district de Bellac qui nous donnent quelques renseignements :

Cieux, 18 pluviôse l'an II (6 février 1794).

Citoyens. Pour répondre à votre lettre du 8 pluviôse, concernant les prêtres déportés, nous vous observerons que nous n'avons dans notre commune que Montazeau-Sinturat, ci-devant curé à Villard. Salut et fraternité. – LAVAUD, maire ; MONTAZEAU, officier municipal ; BARUTEAUX, officier municipal ; SAUNIER, officier municipal.

Cieux, le 25 pluviôse l'an II (13 février 1794).

Citoyens. Par votre lettre du 21 pluviôse, vous nous annoncez que nous ne vous avons pas mandé si Montazeau-Sinturat, ci-devant curé à Villard, département de Guéret, déporté, n'avait pas dans notre commune des meubles ou immeubles. Nous vous observerons qu'il est sous puissance de père et mère, qui habitent notre commune, et que nous n'avons aucune connaissance qu'il en aye fait amener icy. Ce qui fait que nous présumons qu'il les a laissés quelque part dans la commune de Villard, parce qu'il espérait y retourner. Pour ce qui est de l'immobilité, nous ne connaissions pas non plus qu'il en aye, si ce n'est les 2000 livres de son titre clérical qui est, à ce qu'on nous a dit, placé sur le domaine des Marnes, joui par son père. Nous nous sommes informés du citoyen Lavergne, notaire de cet acte, afin de vous donner des éclaircissements; il nous a répondu qu'il l’avait envoyé à l'administration, qui le lui avait demandé. Salut et fraternité. - LAVAUD, maire ; MONTAZEAU, officier municipal ; BARUTEAUX, officier municipal (2).


Lorsque en l’an IV, le ministre de l’intérieur ordonna par sa lettre du 23 frimaire (14 décembre 1795) de rechercher les prêtres non assermentés du département de la Creuse, la municipalité de Dun déclara que « Pimpaneau était à laisser en réclusion, et un nommé Montazeau qui a quatre ans de fer (3) ».


(1) L. DUVAL, archives révolutionnaires de la Creuse, p204.
(2) Archives de la Haute-Vienne.
(3) Archives départementales de la Creuse.



Voir dans le registre paroissial de la commune, à la fin de l'année 1790, le serment que le curé MONTAZEAU a écrit et qu'il dit avoir prêté le 31 mars 1791. Il fut néanmoins condamné comme prêtre réfractaire en janvier 1793. (voir ci-dessous).

Le dernier acte qu'il signe sur les registres paroissiaux de Villard est l'acte de baptême de François Tixier du Moulin de Tenèze le 29 décembre 1791. Il est ensuite remplacé par un prêtre constitutionnel, Jean Gauvain.

Extrait de L. Duval, ARCHIVES REVOLUTIONNAIRES DE LA CREUSE - PRETRES CONSTITUTIONNELS, p204

Le 8 avril 1792, la pétition suivante était adressée à l'Assemblée législative par Pardaillon, maire de Villard, canton de Dun, contre Léonard Montazaud, ci-devant curé de cette paroisse :
« Remplacé à défaut de serment, il prêche dans presque tous les villages de ladite paroisse et dans plusieurs autres paroisses, disant aux femmes qui sont enceintes que si elles entendaient ou se confessaient à un prêtre qui a fait le serment, le fruit qu'elles portent dans leurs entrailles deviendrait un diable, et elles deviendraient excommuniées et seraient données à tous les diables ; empêche les femmes d'habiter avec leurs époux qui se sont confessés au curé constitutionnel… Les uns et les autres en perdent la tête, les uns deviennent fous, les autres abandonnent leur famille. »
Cette pétition fut renvoyée par le comité de surveillance de l'Assemblée nationale au Directoire de département.
Traduit devant le tribunal criminel de la Creuse, Léonard Montazaud fut condamné par contumace, le 15 janvier 1793, à huit années de détention comme coupable d'avoir prêché contre la constitution.



Extrait de "DUN LE PALESTEL REVOLUTION" par Maurice POTTIER - 1979: ".. ont sut, ainsi, qu'au début d'avril 1792, le maire de Villard, le citoyen Pardaillon, avait adressé une pétition au district contre le curé de la paroisse, Léonard Matazaud, avec l'accusation suivante: "Remplacé à défaut de serment, il prêche dans presque tous les villages de la dite paroisse et dans plusieurs autres paroisses disant aux femmes que si elles entendaient ou se confessaient à un prêtre qui a fait le serment, le fruit qu'elles portent dans leurs entrailles deviendrait un diable, et elles deviendraient excommuniées et seraient données à tous les diables; empêchent les femmes d'habiter avec leur époux s'il s'est confessé au curé constitutionnel. Les uns et les autres en perdent la tête, deviennent fous; les autres abandonnent leur famille (Arch. dép. Creuse, BIB 312)".
Le 15 janvier 1793, Matazaud sera condamné à huit années de détention. On apprendra, ensuite, la dénonciation par le "curé de Dun" du curé de Colondannes, Jean-Baptiste Fossiat, qui, lui aussi a refusé de prêter le serment; ce dernier était originaire de Dun et, peut-être, l'oncle du "cy-devant curé Bazennerie""

Merci à Jean Marie Ruthon pour sa contribution.